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Les signes de mal-être chez le chat

Le chat est un animal plutôt discret dans l’expression de ses émotions et il n’est pas toujours aisé de savoir si son chat est épanoui. Nous vous expliquons dans cet article comment repérer les signes de stress et d’inconfort chez votre chat et comment améliorer la situation pour que Minet soit bien dans ses coussinets.


Le mal-être chez le chat

Le stress, qu’est-ce que c’est ?


Phénomène décrit par Hans Selye dans les années 1930, le stress est un « syndrome général d’adaptation ». En effet, autant il est facile pour tout le monde d’imaginer que le stress est négatif et nocif pour l’organisme, autant on a tendance à omettre que le stress peut être positif. Selon Hans Selye, le stress est une réponse du corps à une situation qui est censée permettre la survie : la gazelle qui a une montée d’adrénaline lorsqu’elle aperçoit un lion peut ainsi s’échapper plus vite. Le problème avec le stress, c’est quand celui-ci est durable ou trop répété dans le temps.


Avec nos chats, c’est ce qui est le plus courant quand l’environnement ou

la relation avec l’humain sont inadaptés aux besoins du chat. Un chat ne va pas être forcément stressé dans le temps, mais la succession de stress répétés et intenses peut être à l’origine d’un grand mal-être.


L’organisme du chat va alors rechercher un équilibre, chercher à s’apaiser par différentes stratégies d’adaptation, qui peuvent donner lieu à des comportements gênants que les propriétaires ne comprennent pas et face auxquels ils peuvent se retrouver démunis. Le comportementaliste est alors appelé pour déterminer les causes du stress qui a provoqué tel ou tel comportement indisposant les propriétaires et aider à rétablir un environnement et un relationnel adéquats.


Les signes de mal-être


La difficulté avec ces signes de stress, c’est qu’ils peuvent aussi traduire une pathologie médicale, une maladie, une douleur… Donc en cas d’apparition brutale et intense, il faut aller consulter le vétérinaire pour investiguer et traiter si nécessaire.


Eliminations hors litière chez le chat :  un signe de mal-être

Certains signes relèvent directement d’attitudes, de mimiques, de postures, et d’autres peuvent être plus différés dans l’expression d’un comportement particulier, comme les éliminations hors litière, un toilettage excessif, des griffades intensives, des miaulements insistants, des agressions envers l’humain ou d’autres animaux, etc.


Les signes directement observables caractérisent en général une émotion instantanée, un stimulus qui vient juste de se produire tandis que les séquences comportementales peuvent intervenir peu de temps après l’agent stresseur, comme plusieurs heures après, et signer un état de stress durable.


Voici quelques signes qui vous indiquent que votre chat est en train de vivre un stress ou une forte émotion, même positive (n’oubliez qu’en éthologie, on parle aussi de stress positif) : la mydriase (pupilles dilatées), le rolling skin (petites vagues successives sur le dos du chat), léchage du haut de l’épaule, oreilles qui bougent rapidement, queue qui bat ou qui est hérissée, coussinets qui transpirent, léchage rapide des moustaches ou des organes sexuels, miaulements/cris/hurlements, piloérection (poils du corps hérissé), pellicules (qui disparaissent dans les 24 heures), miction ou défécation soudaine ou vidange des glandes annales… Une attention particulière sera portée au ronronnement qui peut aussi témoigner d’un stress ou d’une douleur chez le chat, et pas seulement d'un moment de confort : c’est l’attitude générale de l’animal et le contexte qui permettent de faire la différence entre l’un et l’autre.


Savoir lire les signes de stress du chat

Quand le chat manifeste un ou plusieurs de ces signes, il est recommandé de ne pas chercher à la réconforter par des câlins ou des caresses, car ce n’est pas ce qu’il recherche sur le moment. Ces échanges affectifs seront appréciés par le chat lorsqu’il sera détendu et disponible psychologiquement.


Pour le stress durable, d’autres signes sont observables : excitation, manque de concentration/d’attention, soif augmentée (hors problème médical), grattages et/ou léchages excessifs, hyper-vigilance, perte de poils, automutilations, pellicules persistances, vomissements…


Les griffades du chat peuvent être amplifiées en cas de stress

Rappelons également que le chat est un animal pour qui le balisage de son domaine de vie est essentiel ; ainsi, dans les situations où il se sent stressé, frustré, il pourra multiplier les marquages afin de rendre son espace de vie plus sécure et apaisant. Cela peut prendre la forme d’une amplification des quatre façons de marquer chez le chat : éliminations, griffades, frottements (dépôt de molécules sémio-chimiques) ou position d’occupation de l’espace (quand le chat s’allonge ou s’assoit sur certains objets ou au milieu des espaces de vie).


Les causes du mal-être


Celles-ci sont aussi diverses qu’il existe de contextes de cohabitation. On pourra dire d’une manière très générale et synthétique que tout environnement inadapté aux besoins du chat et/ou que tout relationnel avec l’humain inadéquat sera une cause potentielle de stress. La principale difficulté sera alors de comprendre que ce n’est pas parce que le chat du voisin vit à peu près dans les mêmes conditions de vie que le vôtre que ces deux chats vivront les choses de manière identique.


En effet, une composante du stress, c’est qu’il est individuel ! En fonction de son développement précoce, de sa familiarisation, des expériences vécues tout au long de sa vie, de son tempérament mais aussi de sa condition physique (maladie, handicap, jeunesse, vieillesse…), chaque chat a sa propre jauge émotionnelle et ses propres capacités d’adaptation.


Les principales causes peuvent de trois ordres : physiologique, psychologique ou environnemental.

  • Ainsi un chat malade, qui a le mal des transports, qui est douloureux, dont on a retiré les griffes, qui a faim/soif, qui est sénile ou encore qui ne peut se reproduire (lorsqu’il n’est pas castré/stérilisé) sera davantage sensible aux agents stresseurs.

  • D’un point de vue psychologique, un chat sevré précocement, régulièrement puni, qui subit de fortes contraintes ou des interdits, qui connaît des frustrations répétées ou qui s’ennuie aura de fortes chances de développer un état de stress durable.

  • Du point de vue environnemental, tout relationnel inadapté avec l’humain (non-respect des codes et signaux du chat, enfants harcelants, maltraitance, arrivée d’un bébé…), tout problème de cohabitation avec des congénères ou d’autres animaux (relation conflictuelle, surpopulation, concurrence à la nourriture…) et tout environnement insécure (trop de bruit, pas de cachettes, inconstance de l’accès à l’extérieur, mauvaise gestion des litières, odeurs parfumées dérangeantes, pas ou peu de support de marquages…) causera très probablement des situations anxiogènes pour le chat


Que faire ?


La visité véterinaire

Si vous remarquez ou soupçonnez que votre chat a l’air stressé, inquiet, vous pouvez d’abord vous assurer qu’il ne souffre d’aucun problème médical auprès de son vétérinaire. S’il y a effectivement un souci, procédez au traitement de votre chat et une fois guéri, il devrait ne plus avoir de manifestations de stress. Toutefois, il arrive que le chat associe son état pathologique à un élément de l’environnement et par association, il pourra continuer d’adopter des comportements adaptatifs. Un comportementaliste pourra dans ce cadre vous aider à déterminer quels sont les points à modifier pour aider le chat à retrouver son homéostasie sensorielle (niveau d’équilibre émotionnel).


Il n’est en effet pas toujours facile, même si on connaît son chat, d’identifier les causes de son stress. En effet, le lien ne sera pas toujours évident, et il peut arriver qu’un certain temps se soit écoulé entre le premier élément anxiogène déclencheur et l’apparition des comportements liés au stress. C’est souvent l’accumulation – la goutte d’eau qui fait déborder le vase – qui peut l’amener à exprimer des comportements qui seront gênants pour vous, mais qui seront simplement en réalité des tentatives de votre chat de s’adapter à la situation.


Oubliez tous les remèdes miracles qui ne font que cacher les problèmes ou tenter de les éteindre sans répondre finalement aux besoins du chat : il y a une raison pour laquelle votre chat est stressé, et il est nécessaire de l’identifier pour lui proposer un environnement serein. Les comportementalistes spécialistes du chat sont les mieux placés pour vous aider à résoudre les problématiques en vous aidant à mieux comprendre votre chat et ses besoins spécifiques.


Consulter une comportementaliste en cas de stress chez votre chat

Les troubles du comportement


Ici, il s’agit des comportements anormaux dont certains peuvent venir d’une pathologie (nerveuse, motrice…) ou d’un problème d’adaptation : ce comportement est considéré comme anormal parce qu’il n’appartient à l’éthogramme connu du chat ; ou il l’est, mais la fréquence/l’intensité/le contexte d’apparition est anormal. On notera également que ce comportement n’a pas de finalité biologique ou de fonction adaptative évidente. Cela dit, c’est un point très discuté scientifiquement car certains auteurs considèrent que les comportements anormaux, même les plus aberrants, relèvent finalement bien d’une tentative de l’organisme de s’adapter à la situation.


Les mouvements d’intention, les comportements ambivalents, les activités redirigées, à vide, de déplacement, les stéréotypies, l’ingestion de matière non-comestible, la coprophagie, les automutilations, les agressions exacerbées, par exemple, illustrent cette catégorie.


Il s’agit d’un mal-être profond qui nécessite une véritable réorganisation spatio-temporelle et relationnelle pour que l’animal s’apaise. L’aide d’un professionnel du comportement compétent est indispensable pour prendre en compte tous les aspects de la situation, et une médication peut parfois s’avérer nécessaire en parallèle, même temporairement.


Le mal-être chez le chat

Ainsi, il faut garder en tête que les signes de stress de nos chats peuvent être très discrets ou insoupçonnés, et que le meilleur moyen de les identifier reste d’être attentif à tout changement de comportement. Il faut cependant différencier les signes classiques d’un stress passager qui est normal de ceux marquant un stress durable : il n’y a pas lieu de s’inquiéter lorsque Minet se lèche l’épaule parce que vous sortez le poisson du four, ou qu’il a la peau du dos qui frétille parce que vous le délogez de votre lit : la vie amène forcément un lot de petits stress, positifs ou négatifs.

 

Par Gwendoline Le Peutrec Redon - Comportementaliste spécialiste du chat, créatrice d'Animautopia et formatrice



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