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La douleur chez le chien

Tout comme nous, les animaux ressentent de la douleur. L’absence de souffrance fait partie des conditions indispensables à leur bien-être. Et pourtant ce n’est qu’au XXe siècle que la douleur animale a été prise en compte. Le développement des neurosciences et de l’éthologie, ainsi que l’émergence des Associations de défense des animaux, ont contribué à une avancée dans la considération et la prise en charge de la douleur chez l’animal. À noter que ce n’est qu’en 1976 que le statut de l’animal évolue de « bien/meuble » vers celui d’« être sensible », et plus récemment, comme « être doué de sensibilité » (2015).


La douleur chez le chien

Qu’est-ce que la douleur ?


Selon l’association internationale pour l’étude de la douleur (IASP) : « la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans ces termes; »


Cette définition associe à la dimension sensorielle de la douleur, des dimensions psychologiques et émotionnelles qui lui sont propres. La douleur est donc une expérience subjective difficile à qualifier et à quantifier car basée sur le ressenti propre d'un individu. Tout le monde (animaux humains et non humains) possède les mêmes mécanismes de déclenchement de la douleur, et pourtant, chacun la ressent et réagit différemment.


La douleur est un mécanisme de survie

Pour autant, la douleur est un mécanisme de défense indispensable à la survie d’une l’espèce : le comportement d’évitement. Lorsque le corps détecte une maladie, une blessure ou une anomalie, il déclenche un signal de douleur pour nous faire réagir : par exemple, s'il a une patte fracturée, l’animal évite de s'en servir, et donc évite d’aggraver sa blessure. La douleur permet donc d’attirer notre attention sur quelque chose d’anormal : notre corps sonne l’alarme.


Ce mécanisme physiologique d’alarme est nécessaire lorsqu’il est adapté et temporaire. C’est lorsque la douleur ne s’arrête pas, qu’elle a de l’impact sur le long terme.


Breaking news : le chien n’a pas la structure cognitive lui permettant de simuler. Eh non, le chien ne sait pas faire semblant d’avoir mal, il ne sait pas jouer la comédie, à la différence de l’humain.


Typologie de la douleur


Différents types de douleurs se distinguent en fonction de leur mécanisme d’origine (nociceptif, neuropathique, psychogène, etc.) et de leur évolution dans le temps (aiguë et chronique). Une douleur nociceptive peut être aigüe (brève) ou chronique (persistante). Les douleurs d’origine neuropathique sont souvent des douleurs chroniques.


La douleur aigüe apparaît soudainement et est généralement d’origine traumatique, chirurgicale ou infectieuse. Elle est amenée à disparaître lorsque la cause de la douleur est résolue. Sa prise en charge rapide et efficace agit de manière préventive sur le développement de la douleur chronique.


Au-delà d’une durée de 3 mois, la douleur est considérée comme chronique. Récurrente et persistante, la douleur chronique apparaît de façon plus insidieuse et peut se prolonger sur plusieurs mois, voire plusieurs années. Elle est liée à un processus malin évolutif (douleur cancéreuse), à un processus dégénératif évoluant lentement (douleur arthrosique) ou à la suite d’une douleur aiguë (douleur post-traumatique). La douleur chronique est plus difficile à mettre en évidence et répond moins bien au traitement conventionnel. Aussi, il est fondamental de ne pas laisser la douleur s’installer et de la traiter le plus précocement possible.


Une autre forme de douleur : la douleur projetée est une sensation douloureuse ressentie à un endroit autre que son emplacement réel. Par exemple, les douleurs gastro-intestinales peuvent s’accompagner de douleur articulaire et/ou musculaire par projection de la douleur. Les douleurs dentaires peuvent projeter des douleurs au niveau cervical, etc.


Punir son chien peut amener de la douleur émotionnelle

Quant à la douleur émotionnelle, il s’agit principalement d’une douleur sociale. La maltraitance, la cruauté et/ou les sévices envers les animaux sont des problèmes répandus et à l’origine d’une souffrance animale majeure (McMillan et coll., 2015). Il existe des sévices actifs envers les animaux, considérés comme « une attitude socialement inacceptable » qui cause intentionnellement des douleurs, des souffrances, une détresse voire la mort de l’animal (Ascione, 1993). Il y a également l’éducation coercitive : menacer l’animal par la voix ou par la posture, le frapper, utiliser des outils de torture pour contraindre (collier électrique, laisse étrangleuse, etc.). Aussi, les animaux peuvent être exposés à des blessures non-accidentelles. La négligence, ou maltraitance/cruauté passive, implique de ne pas fournir des besoins essentiels tels qu’un régime alimentaire adéquat, un abri approprié ou les soins de santé et vétérinaires nécessaires. Cela peut être par ignorance ou par indifférence.


Aussi, l’abandon, les punitions, les conditions de vie délétères du chien, etc. peuvent activer le circuit de la douleur dans le cerveau et entraîner des mécanismes similaires à une douleur physiologique ou physique (McMillan, 2019).


Comment la reconnaître ?


Bien souvent, un chien malade ou douloureux a tendance à s'isoler pour ne pas montrer sa souffrance. De cette façon, il cherche à être plus tranquille, moins sollicité, moins dérangé, parfois également à ne pas être touché si le contact lui est douloureux.


Pour déceler la douleur, plusieurs indicateurs doivent être pris en compte :


  • Indicateurs physiques : rougeur, plaie, fracture, etc.

  • Indicateurs physiologiques : température corporelle, rythme cardiaque, respiration, etc.

  • Indicateurs comportementaux : irritabilité, intolérance, conduite agressive, apathie, etc.

Un chien douloureux pourra avoir tendance à s'isoler

Une étude de Mills et al. (2020) a mis en exergue le lien entre douleur et comportements gênants : les cliniques vétérinaires de l’étude ont déclaré que les problèmes de comportement observés chez les chiens sont liés à de la douleur chronique dans 23 à 82% des consultations. Les maladies associées citées sont principalement orthopédiques (articulations de la hanche, du grasset, du carpe, du tarse, du coude, de l’épaule, atteinte de la colonne vertébrale ou autre problème musculo-squelettique), mais également auriculaires, dermatologiques et gastro-intestinales ou dentaires.


Ci-après une liste non-exhaustives des manifestations comportementales qui doivent nous alerter :


Les vocalises : pleurs, cris, gémissements, grognement, etc. Le chien peut vocaliser lorsqu'on touche à une partie douloureuse de son corps, ou de manière régulière dans le cas d'une douleur chronique. Pour autant, un chien qui souffre ne va pas forcément vocaliser.


Les attitudes : souvent, un chien qui souffre reste en retrait, s’isole, refuse le contact, paraît plus fatigué. Il se détourne de la nourriture et de ses activités habituelles. D’ailleurs, si nous cherchons à le sortir de son isolement, il peut rester apathique ou manifester des grognements pour demander un éloignement. À l’inverse, il peut paraître inquiet ou s’agiter plus que d’habitude.


Les postures : souvent, il s’agit d’une douleur interne (abdominale, etc.). Dans ce cas, le chien évitera de se déplacer, se voûtera, aura la tête basse. L’abdomen peut être tendu. Les léchages excessifs, les mordillements, les frottements ou les grattages intensifs d’une partie du corps, ainsi que l’ingestion (d’herbes, par exemple) sont également des indicateurs de douleur. Par ce biais, le chien essaye de soulager une douleur ou une blessure.


La mobilité : les boiteries ou toutes démarches inhabituelles peuvent indiquer des blessures ou des douleurs articulaires ou musculaires.


De manière générale, tout changement de comportement doit nous alerter. Aussi, bien connaître son chien (ses habitudes, sa communication, ses préférences, etc.) et prendre le temps de l’observer, nous permettent de mieux déceler des changements dans ses humeurs, ses attitudes et ses comportements.


Comment la traiter ?


Le meilleur moyen pour soulager son chien est d’adopter une attitude préventive de la santé de l’animal au lieu d’attendre qu’elle se manifeste. Santé, bien-être et comportement sont indissociables.


Soigner nos chiens naturellement

Parce que la détection de la douleur est difficile, il est nécessaire de se faire accompagner par des professionnels de santé, le vétérinaire, et d’investiguer avec lui pour trouver la cause afin de traiter efficacement la conséquence, à savoir la douleur et le mal-être engendré. En outre, il existe d’autres disciplines complémentaires qui peuvent accompagner et soulager : ostéopathie, nutrition, acuponcture, massage, etc. Il y a également, les soins naturels tels que la phytothérapie, l’homéopathie, ou la zoopharmacognosie (auto-médication animale).


Il existe aussi, des échelles d’évaluations de la douleur qui sont des outils pour aider à identifier et à quantifier la douleur chez les individus. Elle mesure l’intensité de la douleur sur une échelle de 0 à 10. Bien qu’utile, elle présente ses limites : l’absence de langage commun entre le chien et l’humain. Les êtres non verbaux ne peuvent pas décrire l'ampleur de leur douleur (Lascelles et al., 2019).


Enfin, le comportementaliste possède des connaissances et compétences dans divers domaines scientifiques telles que l’Éthologie (science du comportement), les Sciences cognitives (apprentissage, communication, mémoire, perception, etc.) et la Psychologie tant humaine qu’animale. Il connaît également les pathologies pouvant affecter le comportement animal. En ce sens, il vous aide à mieux connaître votre chien et également à déceler un comportement cachant finalement une douleur.


Déceler la douleur chez le chien pour mieux le soigner

La douleur est une sensation complexe, à la fois physique et émotionnelle. C’est une expérience individuelle : chacun ressent et réagit différemment face à sa douleur. La douleur est toujours une expérience personnelle qui est influencée à des degrés différents par des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Bien que souvent subtils, les changements de comportement chez l’animal sont souvent un signe de douleur. L’approche préventive et holistique de la santé vise naturellement à éviter l'apparition et la propagation de certaines maladies, douleurs et inquiétudes. Mais elle consiste aussi, quand la maladie est inévitable, à la détecter au plus tôt pour mieux la prendre en charge. Alors, n’attendez plus et faites-vous accompagner.

 

 

Par Fabienne Bonaldi de Place aux Chiens – Comportementaliste Éducatrice canin


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