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Dehors-dedans : votre chat est-il heureux ?

La question se pose souvent, est-ce qu’un chat captif peut être épanoui ? De la même manière, un chat qui se ballade dans le quartier, ne risque t-il pas de se faire écraser ou se blesser ? Ces questions sont légitimes et dépendent de la sensibilité et du raisonnement de chaque propriétaire. Pour autant, y a-t-il une meilleure solution que l’autre et peut-on faire en sorte que son chat soit heureux dans ces deux conditions ?

Etat des lieux

La réalité est plus que bipartite, il n’y a pas des chats qui sortent et des chats qui sont captifs mais bien une grande variété de situations. Certains matous déambulent dans le voisinage jour et nuit, d’autres doivent être rentrés à la tombée du jour, d’autres encore ont accès quelques heures dans le jardin et enfin, certains ont le droit d’aller sur le balcon ou le bord de la fenêtre tandis que les derniers n’ont jamais posé un coussinet dehors.

Un sondage proposé sur mon site internet ayant regroupé 500 personnes démontre une tendance à la captivité des chats. A la question : votre chat a-t-il accès à l’extérieur, 313 personnes ont répondu « jamais ». Presque à l’opposé, 51 personnes ont déclaré « il va et vient quand il veut, il a une chatière ». Ces résultats sont éloquents puisqu’ils avancent que plus de la moitié des chats vivent exclusivement à l’intérieur de la maison. Cela dit, il faut prendre en compte la possibilité de certains biais : qui sont les personnes qui ont répondu à ce sondage ? Celles qui connaissent quelques soucis de comportements avec leurs chats et viennent donc consulter le site d’un comportementaliste ? Mais cela peut aussi être des propriétaires qui, soucieux de bien faire, viennent glaner des conseils. Ainsi, l’interprétation de ces chiffres doit rester informative même si elle montre une vraie tendance : les chats vivent de plus en plus à l’intérieur du foyer.

A la base

Le chat a été domestiqué sur le tard par l’humain, à - 9000 ans avant J.C - donc bien après le chien (- 15000) - et les scientifiques considèrent que la première raison du rapprochement de ces derniers avec l’Homme serait le bénéfice mutuel : les chats se nourrissent des rongeurs vivants autour des récoltes et l’Homme voit ses ressources céréalières protégées. Ainsi, l’aspect commensal de cette union a longtemps perduré et même lorsque le chat a été déifié en Egypte ou diabolisé au Moyen Âge, celui-ci restait aux abords du foyer.

Ce n’est qu’à l’époque moderne que l’on a permis aux félins de pénétrer nos maisons, que nous l’avons perçu comme un compagnon. Cela dit, personne n’aurait songé à le garder enfermé. C’est avec l’avènement des races et de la première exposition féline à Londres en 1871 que le chat devient un animal dit de compagnie. Il connaît un essor de taille au point que l’on estime aujourd’hui la population du Felis catus à 600 millions par delà le monde, 12 millions en France coiffant au poteau nos amis les chiens.

Mais devant les adoptions toujours plus nombreuses, le genre de foyer qui l’accueille a évolué en parallèle : il ne suffit plus d’avoir un gîte à la campagne ou même une maison avec jardin, les appartements et les habitations urbaines sont de la partie.

Ainsi, il y a des situations où Minet n’a tout simplement pas la possibilité de sortir alors que Monsieur et Madame le voudraient bien mais il y a également tous les chats qui en auraient la capacité technique (jardin, chatière…) cependant ce sont les propriétaires qui ne le désirent pas pour lui éviter les dangers de l’extérieur.

Ce qui est le mieux ?

Il va de soi qu’au regard de sa nature de chasseur, de son anatomie musculeuse, de ses besoins d’exploration, de son mode de vie solitaire, un chat devrait sortir. Mais on ne peut nier non plus qu’il existe également des risques lors des pérégrinations extérieures.

Le débat est large et aucune réflexion ne devrait être écartée car, certes, le chat a longtemps vécu dehors et savait très bien se débrouiller mais avec l’intégration de Felix dans nos foyers et la sélection génétique intrinsèque qui en découle, il y a une sorte d’adaptation à un style de vie qui n’est plus le même qu’il y a 5000, 1000 ou même 200 ans.

Les fervents défenseurs du chat libre ont raison, ceux-ci vont s’épanouir à prédater, renifler, explorer, conquérir des territoires et connaître des stimuli variés en même temps qu’ils ont une possibilité de se soustraire des désidératas des humains qui les possèdent.

Les amoureux des félins qui veulent les protéger ont raison aussi, aujourd’hui le mode de vie urbain soumet les chats à des risques : ils peuvent se faire écraser, ils peuvent se faire mordre par des chiens, ils peuvent revenir avec des abcès après des bagarres entre congénères, ils peuvent attraper des maladies, se faire enfermer involontairement dans des endroits reclus, se faire empoisonner…

Et il est vrai que les constats donnent une espérance de vie d’en moyenne 5 ans pour un chat qui sort contre 15 ans pour un chat captif. Vivre plus longtemps donc, oui, mais dans quelles conditions ? On entendra aussi que le risque fait parti de la vie et qu’il vaut mieux un chat qui vivra moins longtemps mais qui aura connu une « vraie » vie de chat…

Je pense, personnellement, que les deux points de vue ont chacun des avantages et des inconvénients et qu’en tant que comportementaliste je me dois de respecter les sensibilités de tous car elles découlent le plus souvent d’expériences vécues et de ressentis sur lesquels personne n’a de prise. Pour ceux qui pensent qu’un chat doit sortir, ils ne comprennent pas comment la liberté du chat peut être entravée, que les autres n’aiment pas vraiment leur animal pour le priver des joies de l’extérieur. Mais ceux qui pensent qu’il y a trop de dangers dehors et qu’ils offrent tout le confort - d’un point de vue humain - pensent la même chose de leurs détracteurs, ils ne peuvent pas chérir leur chat pour les laisser se faire tuer, blesser, empoisonné…

Voilà, en somme, il ne devrait pas y avoir de jugement car dans les deux cas ces personnes veulent le bien de leur animal mais la façon d’y arriver est différente.

Pour ceux qui sortent

Il va de soi que pour les chats qui ont accès à l’extérieur, il ne s’agira pas de voir comment ils peuvent être épanouis puisque les stimulations du quartier suffiront à remplir ses besoins d’activité. Mais on peut donner quelques conseils pour limiter les inconvénients des sorties et optimiser leur quotidien ainsi que celui de leurs propriétaires.

Apprenez à votre chat le rappel, comme le chien, ainsi en cas de nécessité ou simplement parce que vous préférez que Minou rentre pour la nuit, vous serez rassurez de le voir rappliquer à l’énonciation de son prénom. Pour ce faire, il faut ritualiser les retours à la maison : choisissez l’heure (invariable) à laquelle votre chat doit rentrer, appelez-le et proposez lui systématiquement une récompense appétente, qu’il n’aura qu’à cette occasion. Une fois que votre chat aura bien appris ce rituel, vous pouvez espacer les récompenses.

Il est important de bien vacciner et vermifuger votre chat lorsqu’il part en ballade car cela évitera la transmission de certaines maladies parfois mortelles et le protégera des parasites s’il est amené à consommer ses proies.

Quand Minet revient de ballade, n’hésitez pas à inspecter son pelage à la recherche de plaies afin de le désinfecter. Les abcès sont parfois difficiles à détecter alors à la moindre boule suintante, allez voir votre vétérinaire pour donner le traitement adéquat.

Pensez à identifier votre chat au moyen d’une puce électronique ou au moins un collier avec vos coordonnées pour qu’en cas de perte, on puisse vous contacter facilement. J’attire toutefois votre attention sur le fait qu’un collier peut être dangereux si le chat s’accroche quelque part, privilégiez donc la puce électronique.

Si un jour votre chat ne revient pas à la maison, ne paniquez pas, des petites fugues de 2-3 jours sont courantes avant que Minou revienne. Si passé ce délai, il n’a pas pointé le bout de sa truffe, faites le tour du voisinage, déposez des affiches, inspecter les lieux où il aurait pu se faire enfermer, passez par des sites comme Facebook ou Pet Alert qui ont déjà permis de retrouver de nombreux chats.

Pour les chats d’intérieur

Ici, il s’agira de proposer aux petits félins des stimuli efficaces qui lui permettront de combler ses instincts et donc d’être épanoui dans sa maison. Parce que oui, même si ce n’est pas l’idéal, un chat peut tout à fait être serein et bien dans ses coussinets même s’il est captif. Cela demande des aménagements mais c’est tout à fait possible.

Il faut absolument donc enrichir son milieu de vie afin qu’il puisse avoir quasiment les mêmes activités que sur son territoire naturel.

Permettez-lui tout d’abord d’avoir accès à la totalité de l’habitation, plus son espace de vie sera vaste et plus il pourra explorer. Le souci c’est que le chat captif connaît par cœur son environnement et il faudra le stimuler pour qu’il trouve un intérêt à le parcourir à la recherche de nouveauté. Pour ce faire, n’hésitez pas à cacher des sources d’intérêts comme des boulettes de papier avec des friandises à l’intérieur : commencez en le mettant en évidence, afin qu’il comprenne le concept puis augmentez au fur et à mesure la difficulté en les plaçant derrière le canapé, sous des meubles, derrière les portes etc… De ce fait, vous lui permettez d’exercer à la fois ses besoins d’exploration et de prédation.

Il ne faut pas oublier que le chat évolue dans un environnement tridimensionnel, ainsi, permettez lui de sauter, de monter sur des meubles en plus d’avoir un arbre à chat et pourquoi pas, fixer quelques étagères où il pourra se poster, surveiller et se reposer en sécurité.

Bien sûr, des jouets (un rien n’amuse un chat) éparpillés dans l’habitation mais pas seulement, le chat s’habituant très vite à ceux-ci, il faudrait avoir 3 trousseaux d’objets ludiques (balles, souris, grelot…) que l’on ferait tourner toutes les semaines. Encore mieux, prenez un Tupperware pour faire ces trousseaux et placer dedans de l’herbe à chat (valériane, cataire…) pour que les jouets en prennent l’odeur pendant la semaine où ils sont rangés.

N’hésitez pas à lui placer plusieurs spots de nourrissage et d’eau et multiplier les supports de marquage : le chat est un animal territorial et plus il aura de quoi baliser son espace de vie, plus il en sera satisfait. Ainsi, ajoutez une à deux litières par chat dans des endroits fréquentés (les marques doivent être vues), ayez un arbre à chat mais aussi des griffoirs en sisal, verticaux ou horizontaux.

Il est important également de respecter la répartition naturelle de ses activités : quand votre chat dort, mange, se toilette ne l’interrompez pas. Si vous souhaitez lui proposer un échange affectif, n’allez pas le caresser sans le prévenir, observez son attitude : recule t-il la tête ? Semble t-il vouloir se soustraire ? Quand vous le caressez, finit-il par mordiller ? Si oui, n’insistez pas, un vrai câlin c’est celui qui plaît aux deux.

Si vous êtes absents longtemps la journée, il existe plusieurs jouets qui se programment pour se déclencher en votre absence. Sinon, un carton placé au milieu du salon avec des jouets, des matières, des plumes sera un vrai parc d’attraction pour votre félin. Les sacs cabas sont très attrayants aussi, pour peu que l’on coupe les anses afin d’éviter les étouffements.

Et si après lecture, vous aimeriez laissez sortir votre chat mais que vous craignez encore les dangers, vous pouvez lui laisser accès au jardin si vous en avez un et le clôturer afin de limiter les risques. Cela sera déjà un vrai bonheur pour lui. Sachez aussi qu’il existe aujourd’hui des colliers avec une puce GPS qui vous permet de savoir où Felix se trouve en temps réel, cela peut rassurer les plus frileux !


Gwendoline LE PEUTREC REDON, Comportementaliste félin


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